A l’instar du Diable, Adrien n’existait pas et tout comme celui qui avait tenu tête à son créateur, c’était sa plus grande force. Il n’existait pas dans le sens où sa véritable nature demeurait secrète. Ca demanderait de rester tapi dans les ombres pour ce qu’il avait à faire et qui ne le rendait à bien des égards pas si différent d’un certain chevalier noir qu’on disait aujourd’hui six pieds sous terre à manger les pissenlits par la racine, ce dont Adrien n’était pas convaincu pour sa part. Adrien n’appréciait guère Batman qui avait choisi d’incarner un symbole pour intimider le crime, ce qui n’avait fait que renforcer les super vilains au final. Une personne prévenue en vaut deux et un super vilain aussi. Pour le peu de personnes qui connaissaient son existence civile, il était un simple dealer qui vendait de l’herbe top qualité et traficotait aussi des informations glanées Dieu seul savait comment mais toujours fiables. Pour les forces de l’ordre, il était un trop petit poisson pour les intéresser d’autant que son activité paramédicale était avérée. L’usage médicinal de son herbe fonctionnait et sa clientèle se portait bien et même mieux.

Il y avait tout de même une précision à apporter.

Adrien resterait tapi dans les ombres, certes mais pas si longtemps qu’on pourrait le croire dans le sens où il n’avait besoin de reprendre forme humaine que pour des moments non décisifs, pourrait-on dire. La plupart du temps, il évoluait sous forme de fumée et personne ne se doutait de sa présence ni même assurément de son existence. Ses interventions dites offensives devaient cependant être brèves dans le sens où elles lui demandaient beaucoup d’énergie mais comme il attaquait toujours avec l’effet de surprise, ça ne posait pas de problème et Adrien entendait que ça continue ainsi le plus longtemps possible.

Après, il y avait l’affaire autour de Nyx.

Adrien n’appréciait pas les justiciers, sans les détester, il les trouvait trop complaisants avec une autorité corrompue jusqu’à la moelle. En ce sens, il comprenait les actions d’un certain Ghost, lesquelles l’arrangeaient et pas qu’un peu puisqu’il était lui-même un fantôme derrière le fantôme. Normalement, ses méthodes n’étaient pas celles de Ghost qui se plaisait à répandre la terreur chez ses proies quand Adrien ne laissait en principe que des morts naturelles, des chutes mortelles à l’apnée du sommeil mais si on découvrait leur aspect surnaturel, il serait alors plus aisé pour la police de suspecter Ghost.

L’action de Nyx avait provoqué le chaos et nui à une population beaucoup trop passive et complice quelque part de la mascarade liée à la guerre entre les justiciers et les super vilains et la rupture de ce fragile équilibre dans ce conflit dérangeait le jeune homme qui se demandait comment amener les héros masqués à découvrir l’identité du hacker sans leur donner un avantage décisif sur la lie de l’humanité mais trop de civils s’armaient et ça risquait de dégénérer. Le problème, c’est que la piste pour remonter jusqu’à Nyx était trop improbable, y compris pour le dealer d’herbe top qualité mais peut-être qu’un justicier saurait exploiter l’amorce d’indice découverte très récemment et Adrien n’en voyait qu’un au demeurant qui pourrait y arriver et qui cherchait justement à découvrir l’identité de Nyx.

Nightwing.

C’était un squat comme tant d’autres, insalubre, décrépi, infesté d’immondices en guise de meubles. Le témoin supposé qui avait vu Nyx entrait avec le peur au ventre, peut-être pas comme s’il avait la mort aux trousses mais l’épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête, ce qui n’était en réalité pas tout à fait faux. Je sortais alors des ombres et la réaction du junkie était prévisible, donnant l’impression d’avoir vu un fantôme, il se répandait d’abord en excuses, assurant à Adrien qu’il ne dirait rien avant de sortir une arme à feu de sa veste, un calibre 357 magnum et de presser plusieurs fois fébrilement sur la queue de détente, sauf qu’il ne se passait rien. Du moins il se passait quelque chose mais pas ce que le tireur improvisé avait escompté, le chien du revolver ne rencontrant que le vide et tout sourire, Adrien tendait la main droite et ouvrait le poing, faisant tomber les balles par terre.

Magique.

Terrorisé, le junkie s’enfuyait, tombait dans les bras de Nightwing, hurlait d’épouvante avant de perdre conscience. Pour l’exprimer d’une façon plus familière, il tombait dans les pommes, il sucrait les fraises.

"Salut. Il a vu un fantôme mais pas le bon."

Disait-il tranquillement avant d’arracher le masque de son visage, une imitation de visage digne de la série TV "Mission impossible" avec monsieur Phelps et compagnie. Rien à voir avec les films d’action du même nom sortis par la suite au cinéma.

"Adrien, auto-entrepreneur. Le junkie a bien vu Nyx mais sous ce visage et comme on s’en doute, ce n’est pas le bon visage. Ca fait partie de ces informations qui partent en fumée."

Ceci dit, Adrien observait le justicier toujours aussi tranquillement, se demandant s’il était aussi vif d’esprit qu’on le disait.

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