Premier pas difficile

Sarah / Deathstroke

Prend ton envol petit oiseau…

Depuis que Bruce avait disparu je n'avais pas eu une minute à moi, entre Blüdhaven et Gotham, ça commençait à devenir compliqué à gérer. J'avoue que mes frères s'en sortaient aussi plutôt bien, mais bon, je savais que tout le monde attendait que de dirige les opérations un peu à la manière de notre père… Mais je n'étais pas lui, et je ne le serais jamais, pour ainsi dire, je cherchais surtout à me libérer de son ombre. C'en était presque agaçant en fait. Tout le monde pensais que je n'étais pas capable de me libérer de son apprentissage. Pourtant, c'était bien le cas. Depuis des années déjà je parcourais les rues de ma ville, celle qui m'avait vu naître en tant que Nightwing… Et cette nuit ne faisait pas tâche aux autres. C'était le troisième braquage que j'empêchais ce soir. A croire que dès que la nuit tombe, les criminels pensent être à l'abris. C'est le contraire les mecs… Plus il fait nuit, plus tu as de chances de tomber sur l'un de nous. Ils sont tous plus stupides les uns que les autres, et pour être précis, je me demande même parfois s'ils ne le font pas exprès. Un petit braquage, une tentative de meurtre… Et quelques pains dans la gueule plus tard… Bref… Il ne devait leur manquer que le petit selfie pour permettre une magnifique nuit. C'était un peu de cette manière que je percevais les choses. Assis sur le rebord d'un immeuble, observant la ville qui ne cessait de reprendre petit à petit sa vie commune. C'était sous cette optique que j'espérais voir le soleil se lever au loin, pouvoir retourner dormir quelques heures avant de reprendre mon rôle de Vice-président à la Wayne Enterprise… Lucius faisait un boulot de folie, mais il avait pourtant besoin de ma signature pour certains papiers… Mon lit me manquait… Vraiment…

Soudain, l'orage se mit à tonner au loin, c'était rare en cette saison. Surtout que la pluie était arrivée presque immédiatement. Ces nuages noirs, apparus de nulle part, remplissaient le ciel d'une épaisseur presque malsaine. La lumière de la lune qui m'offrait une délicate caresse de lucidité se perdait derrière ces masses sombres. Des éclairs strièrent le ciel, l'un d'eux, frappa même le paratonnerre de l'immeuble en face de celui où je me tenais. A quelques mètres près, j'étais bon pour sentir le cochon grillé. Un hot-dog de Nightwing… Non merci, pas ce soir ! Mon communicateur émit un léger son, grésillant dans mon oreille, j'appuyais dessus avec mon index et répondit à l'étrange appel qui m'étonna autant que je ne m'attendais nullement à quelque chose de pareil. C'était bien rare d'avoir de telles capacités… Lesquelles ? Celles de pouvoirs contacter l'un d'entre nous, et de lui faire passer un message. La voix tremblait, l'homme me paru pressé, inquiet et à la fois apeuré par quelque chose ou quelqu'un. Sans même avoir le temps de dire quoique ce soit, je ne peux comprendre qu'une poignée de mots, ainsi qu'une information qui me fit frissonner l'échine : Cadmus.

Superboy aurait sans doute voulu en savoir plus sur cette "Sarah Winchester", qui plus est, si elle provenait bien, tout comme lui, d'un des labo de Cadmus. Ce qui me paru étrange, n'était autre que le fait que, à ma connaissance, l'ensemble des laboratoires furent détruits, voir démantelés par la police de Gotham. Si il en avait encore, le commissaire devrait en être informé le plus vite possible. Les informations, quoique minces, me permirent de savoir de quelle mission il s'agissait. Je parle de mission, car oui, c'en était une, trouver une femme du nom de "Sara Winchester", et l'accompagner à des données géographiques, et à des coordonnées qui menaient dans un coin les plus reculés de Blüdhaven. Bon, je ne pouvais pas rester sans rien faire plus longtemps. Sautant dans le vide, j'enchaînais les mouvements, avant de me rattraper à un réverbère, et, arrivant sur le sol, je commandais à ma moto de me retrouver. Mon casque enfilé, je démarrais en trombe, entre la pluie et les éclairs, la scène avait quelque chose de mystique… Je me devais de trouver cette femme avant qu'elle n'ai des soucis. Avec la pluie, peu de monde osait sortir, pourtant mon instinct me hurlait de faire attention à tout ce qui pouvait arriver…

Trouver quelqu'un dans une ville aussi grande était presque aussi simple que de trouver un neurone encore en état dans le cerveau du Joker… Plusieurs drones s'envolèrent de ma moto, fouillant le moindre mètre carré de la ville. Ding ! Trouvée ! Un des drones l'avait trouvée, une femme blonde, à moitié nue,  affalée dans une ruelle sombre… Ca devait être elle… Et si ce n'était pas le cas, j'accompagnerais celle-ci à l'hôpital le plus proche ; si c'était cette Sarah, je me devais de suivre le peu d'informations que j'avais. Tel que l'amener dans un endroit où, semble-t-il elle serait à l'abris. La roue arrière de ma moto crissa sur le bitume humide, faisant demi-tour, j'accélérais sans même penser à autre chose qu'aider cette femme. Ma route fut brève, rapide, et dénuée du moindre véhicule. Les freins stoppèrent la moto, la ruelle, soudainement plongée dans la lumière de mes phares dévoilait un corps tremblant, à la fois frêle et fragile, des cheveux blonds trempés par la pluie tombaient en cascades sur ses épaules. Je retirais mon casque, et tout en m'approchant d'elle, tout comme je l'aurais fait avec un animal sauvage blessé, doucement, pas après pas, je me baissais, me mettant à sa hauteur, et, lui souriant, je m'adressais à elle.

- Tu es Sarah Winchester ? Mon nom est Nightwing… Je suis venu te chercher, c'est le Professeur H qui m'envoie. (Je lui tendais la main, toujours souriant, désirant la rassurer.) Tout va bien, tu peux te lever ?

Premier pas difficile

Sarah / Deathstroke

Prend ton envol petit oiseau…

A peine avais-je prononcé quelques mots que je sentis une présence tout aussi importune qu’inutile. Mais à quoi bon vouloir en discuter ici ? Je n’avais nullement le besoin d’agir avec lui, de plus, ce n’était qu’une pâle copie de mercenaire, considérant la vie comme un simple jeu, et les êtres vivants, comme n’étant que de vulgaires pions sur un échiquier géant. Pour tout dire, la haine que lui vouait Bruce, s’était transformée en un dédain des plus ouvert pour ma part. A quoi bon haïr un être aussi méprisable ? Son souhait n’était-il pas simplement de gagner toujours plus, tout en prenant des vies si durement gagnées ? Sans nuls doutes. Voilà ce qui nous différenciait, réellement. Pour ma part, chaque vie était importante, chaque pensée pouvait être utile, quand à lui… Il se contentait d’avancer, ne laissant que des cadavres sur son passage, sans même se retourner, et encore moins réfléchir à la portée de ses actes. Un être sans dignité, ni savoir-vivre… Un être tout simplement méprisable, enorgueilli par ses propres choix, continuellement dans l’optique que seule sa manière de voir les choses était la bonne… Pathétique… Pour corroborer mes pensées, tel que le ciel grondant au loin, je percevais dans le ton de sa voix la sempiternelle arrogance qui le caractérisait tant. Sarah se releva alors, dans un mouvement qui mêlait la peur et une puissante volonté de faire les choses, seule. Elle représentait en elle-même les deux facettes qui se trouvaient face à son regard médusé. La peur panique et le courage… Mais laissons les interprétations de côté pour le moment. Le vrombissement sonore d’une machinerie se fit entendre. Et presque instantanément, une voix résonna dans mon oreillette, un groupement s’approchait à grande vitesse… Pour ainsi dire, ce n’était pas vraiment un souci, vu leur nombre, ce n’en serait jamais. Pourtant, ce qui pouvait m’inquiéter, n’était autre que l’état dans lequel ils finiraient tous… Une mission ne pouvait être réussie dans le sang ; chose qui ne manquerait pas de faire rire le borgne qui se trouvait à mes côtés… Pour lui, seul une pluie de sang pouvait être la seule caresse agréable dans un monde aussi sombre que celui dans lequel nous vivions.

Me relevant, je compris, au travers du regard de la jeune femme aux cheveux blonds que mes paroles ne semblaient pas vraiment avoir atteint leur but. Lui signant de rester en retrait – tout en espérant qu’elle puisse au moins comprendre ce langage – je pris mes bâtons en main. Il me fallait faire trois choses si je souhaitais que tout se passe bien. Primo, protéger Sarah, secundo, arrêter ces abrutis en costumes noirs et les empêcher de s’en prendre à elle et enfin… Eviter que l’autre andouille ne tranche dans la chair… C’était surtout ce dernier point qui risquerait d’être le plus compliqué à gérer, surtout dans une zone aussi étroite. Mais Bruce disait toujours la même chose, l’agilité est la clef de tout, tu dois agir, frapper, et disparaître dans les ombres avant même que celles-ci ne disparaissent… D’un mouvement rapide, je sautais, et, tout en lançant un fumigène, j’enchaînais plusieurs coups rapide, visant les nuques, les tempes, et bien entendu, tout en évitant les points vitaux. Les arrêter, oui, les tuer… Il en était hors de question. Dans cette épaisse fumée, il serait compliqué pour quiconque d’y voir quoique ce soit, sans une vision thermique au minimum…

Bloquer plusieurs coups, empêcher des morts… Tout cela n’était en rien un plaisir. Sans compter que ma moto venait d’exploser suite à un tir qui parvint d’un véhicule stationné plus loin. Pour le coup, j’ignorais qui était le plus abruti dans l’histoire, l’autre masqué que je devais empêcher de faire un massacre, ou ces andouilles qui tiraient à l’aveugle ? D’un bond vers l’arrière, je me retrouvais entre un des hommes armés et Sarah. Mes bâtons croisés devant moi, un sourire amusé sur les lèvres.

- Il est de bon ton d’inviter une demoiselle à boire un verre avant de la ramener chez soi…

Un tir me lécha le corps, au niveau des côtes, la fumée se dissipait et il ne me restait plus beaucoup de temps pour mettre Sarah à l’abri. Ces types n’étaient pas là pour l’amener prendre des cours de salsa… Chose que je devrais faire un jour ou l’autre tiens, ça pourrait être sympa de surprendre les Titans avec quelques pas de danse. Sans lui laisser le choix, mais en m’excusant pour ce que j’allais faire, j’attrapais Sarah, et tout en la serrant contre moi, j’utilisais un des mes bâtons, un bouton pressé plus tard, l’embout se déclancha et un grappin, attaché à un long filin nous permit de fuir sur les toits. Vu l’état de ma moto, il nous fallait un autre moyen de locomotion. Je me devais de la mettre à l’abris coûte que coûte. De ces types, mais aussi de l’autre charcutier… Peut importait les raisons qui faisaient qu’il s’était pointé, ça ne signifiait qu’une chose, la prime se devait d’être conséquente.